Comprendre la profondeur de champ

À la fois nécessaire, obligatoire et créative, la profondeur de champ fait partie des bases de la photographie et est un passage obligatoire dans son apprentissage. Petite piqûre de rappel !

Théoriquement, l’objectif d’un appareil photo ne peut créer une image nette d’un sujet que si celui-ci se situe dans un plan de mise au point établi situé à une distance bien définie de l’appareil. Cela se concrétise par l’apparition de zones floues à l’avant et à l’arrière du sujet sur lequel la mise au point a été faite. Ces zones correspondent alors aux différents plans de la photographie. Tout l’intérêt est donc là : cela permet d’isoler un élément de l’image, d’en mettre d’autres en évidence, de jouer avec les différents plans… La profondeur de champ caractérise la zone de netteté sur laquelle la mise au point est opérée.

Comprendre le fonctionnement de la profondeur de champ

Bien que la pratique soit la meilleure des leçons, voyons tout de même ensemble les différentes caractéristiques de la profondeur de champ (appelée également PDC) et comment la maîtriser. Celle-ci est directement liée à l’ouverture du diaphragme. Plus l’ouverture choisie sera importante (f/2,8 ; f/1,4, par exemple) et plus votre profondeur de champ sera faible. À l’inverse, plus votre ouverture se réduira (f/11 ; f/16, par exemple) et plus la zone nette où vous aurez effectué votre mise au point sera importante.

Pour maîtriser votre profondeur de champ, passez votre boîtier en mode M (Manuel) ou en mode A (Aperture/Ouverture) ; ou encore Av, suivant la marque de votre appareil. En mode M, vous choisissez vous-même à la fois l’ouverture du diaphragme et la vitesse d’obturation, contrairement au mode A, où vous ne choisissez que l’ouverture. Ce mode, souvent plus pratique, est à privilégier lorsque les conditions lumineuses sont difficiles et/ou changeantes.

profondeur de champ
© Benjamin Haas – Fotolia.com

La place de la focale

De par sa nature, le choix de la profondeur de champ a ses limites. En effet, si vous voulez utiliser une profondeur de champ fortement réduite en plein jour, cela peut se révéler tout simplement impossible ! Plus vous utiliserez une ouverture importante (pour réduire votre profondeur de champ), plus la quantité de lumière entrante sera importante. Or, en extérieur, sous le soleil, même avec une vitesse d’obturation très rapide, vous ne pourrez pas obtenir une profondeur de champ très courte. Plusieurs solutions s’offrent à vous : la première étant l’utilisation de filtres de densité neutre et la seconde le choix de votre focale.

L’astuce est donc la suivante. Si vous souhaitez créer une profondeur de champ réduite sans forcément avoir besoin d’ouvrir de manière importante, choisissez une focale longue (100 mm, 200 mm) ; ainsi, vous isolerez votre sujet et la zone nette de l’image se trouvera très réduite. Cependant, cette astuce ne peut pas être utilisée dans toutes les situations. Cela dépendra beaucoup du recul que vous aurez pour photographier votre sujet.
À l’inverse, si vous vous trouvez dans un environnement relativement sombre, que votre souhait est de photographier la scène avec une profondeur de champ la plus grande possible, choisissez dans ce cas un objectif disposant d’une focale courte (inférieure à 50 mm). Cela produira, même à f/2,8, une profondeur de champ importante due à la caractéristique même de l’objectif utilisé.

profondeur de champ
© Beboy – Fotolia.com

En résumé

Vous comprendrez donc qu’une fois correctement maîtrisée, la profondeur de champ peut être faite et choisie de manière très précise. Servant alors à la fois la lecture de votre image et la façon dont vous voulez en conter l’histoire. Une profondeur de champ réduite laissera planer un mystère sur le contenu flou de votre image. Parfois, il est plus appréciable de suggérer un élément de votre photographie en le laissant baigner dans le flou plutôt que de clairement l’identifier en faisant la mise au point dessus. Beaucoup utilisée en portrait, la profondeur de champ réduite permet d’isoler les yeux, le visage et apporte de la douceur à votre image. À l’inverse, on privilégie en photographie de paysage une profondeur de champ la plus grande possible (on parle d’hyperfocale lorsque celle-ci est “infinie”), permettant de dévoiler les moindres détails de la scène à contempler. C’est en partie pour cela que l’on préférera une focale courte en paysage et une longue en portrait.

 

Exemple de profondeur de champ

Voyons à présent les différentes utilisations de la profondeur de champ, de la plus simple à la plus créative.

PROFONDEUR RÉDUITE

Ici, l’image est un parfait exemple d’une image à profondeur de champ réduite. Le brin de muguet est net alors que l’arrière-plan, lui inutile, est flou. Ce choix a permis au photographe d’isoler son sujet et ainsi de le mettre en valeur. Notez que l’effet est accentué par le fait qu’il s’agit d’une macrophotographie. En effet, l’objectif utilisé a permis de réduire davantage cette zone de netteté. Ce type de profondeur très réduite peut être utilisé dans de nombreux cas, allant bien évidemment de la macrophotographie au portrait, en passant par la photographie culinaire. L’idée est de mettre en évidence le sujet en le détachant de son environnement !

brin de muguet
© E.Kernick – Fotolia.com

 

GRANDE PROFONDEUR

À l’inverse, voici un exemple d’une profondeur de champ extrêmement grande. On parle ici d’hyperfocale. La photo est alors nette sur tous les plans de l’image. Que ce soit au premier, au deuxième ou au troisième plan, l’image est parfaitement nette. Cela résulte de plusieurs éléments, notamment de l’utilisation d’une ouverture de diaphragme minimum. Mais également de l’emploi d’un objectif fisheye (très grand angle – inférieur à 10 mm), qui a la particularité d’avoir une distance focale très courte et donc un angle de champ très grand. L’image se retrouve alors nette sur tous les plans.

Sans entrer dans des calculs compliqués, vous pouvez établir vous-même la distance de mise au point pour obtenir votre hyperfocale. En photographie, 1/3 de la zone de netteté se situe devant l’endroit où l’on fait la mise au point et 2/3 se trouvent derrière. Partant de ce constat, faites votre mise au point sur l’infini. Observez votre image : le point net le plus proche de vous est le point d’hyperfocale. Faites votre mise au point dessus et vous obtiendrez votre hyperfocale ! Une autre astuce rapide et simple à retenir pour obtenir une hyperfocale convenable est de faire la mise au point au 1/3 de la scène. Si vous voulez aller plus loin dans ce sens, faites une recherche sur Internet avec le mot-clé “hyperfocale”, la Toile regorge d’articles traitant dans le détail le sujet !

profondeur de champ

 

HYPERFOCUS (FOCUS STACKING)

Largement utilisé en macrophotographie, l’hyperfocus est un procédé de traitement numérique consistant à combiner plusieurs images prises à différentes distances de mise au point pour créer une seule et même image finale parfaitement nette. Cette technique est utilisée principalement en macrophotographie. En effet, individuellement les différentes images faites en macro ont une profondeur de champ fortement réduite. Concrètement, il s’agit de faire plusieurs photographies du sujet sous le même angle en ne changeant uniquement que la mise au point. Chaque photo couvrira une zone de netteté du sujet, bien qu’aucun cliché n’ait le sujet entièrement net, ensemble ils contiennent toutes les données pour procéder au Focus Stacking. L’exemple utilisé ici présente parfaitement le procédé. Pour créer votre image finale, plusieurs logiciels sont disponibles.

profondeur de champ
© Muhammad Mahdi Karim

 

EFFET DE BASCULE (TILT SHIFT)

Descendant direct de la photo faite à la chambre puis avec les objectifs à décentrement utilisés en architecture, cette technique est, depuis, principalement réalisée en postproduction. En effet, les objectifs à décentrement sont très couteux et hors de portée de la majeure partie des bourses… Au fil de l’évolution de la photographie contemporaine, une deuxième fonction (la première était de contourner les déformations de perspective) à ces objectifs a été trouvée : réduire au maximum la profondeur de champ sur des scènes très larges ; et, ainsi, obtenir ce style de miniaturisation propre à cette technique. Avec des logiciels tels que Photoshop, le “tilt-shift” s’est ouvert aux amateurs grâce notamment à la possibilité de simuler des flous. Le principe est simple : un calque inférieur étant la photo d’origine et un calque supérieur étant la copie du premier sur lequel un flou de l’objectif a été ajouté. Il ne reste plus qu’à délimiter les zones de flou avec un masque de fusion, et le tour est joué !

profondeur de champ
© John Kirk

 

 

Antoine Willeys

AntoineWÀ 15 ans, il découvre la photographie puis Photoshop. Rapidement, il trouve ses marques et propose ses services aux modèles et artistes de sa région lilloise. Il vit dans l’Est et travaille comme photographe et retoucheur autodidacte. Revendiquant une photographie créative, il définit son travail comme un mix parfait entre la photo et la retouche numérique. Toujours à la recherche de nouvelles techniques, il aimerait se diriger vers la photographie de publicité.