Interview // Eve Saint-Ramon

Découvrez l’oeuvre d’Eve Saint-Ramon, photographe spécialisée dans les looks et l’univers des pin-up années 50.

Bonjour Ève. Racontez-nous comment vous êtes devenue photographe.

Bonjour. Je n’ai  pas suivi  de formation technique. Très jeune, j’ai ressenti la nécessité de comprendre comment fonctionnait le monde de la photographie parce que ce média me paraissait le meilleur moyen pour m’exprimer.  J’ai donc appris sur le terrain. J’ai choisi mes premiers boulots liés à la photographie : agences de presse, musées, galeries, maisons de production, studios de prise de vue, assistanats. Observer les professionnels était essentiel. Cependant, à cette époque, je n’imaginais pas qu’un jour je gagnerai ma vie en faisant des photos. Petit à petit des personnes m’ont confié des missions : portraits, catalogues, publicités, création d’identité visuelle. Et je suis fière maintenant d’être une photographe professionnelle autodidacte, depuis une quinzaine d’années.

 

Lorsqu’on regarde votre portfolio, on voit beaucoup de femmes. Sont-elles vos muses ?

J’aime photographier tous les physiques. Les hommes et les femmes de tous âges et tous horizons. Mais, c’est vrai, vous pouvez voir sur mes photos essentiellement des femmes. Elles deviennent dans un sens toutes mes muses. Les possibilités d’images de femmes sont infinies : ce qui est de l’ordre de la réalité de la vie des femmes, mais aussi tout ce qui est de l’ordre de l’art quand les femmes sont inspiratrices.

 

Qu’est-ce qui vous inspire autant dans la figure féminine ?

Je regarde les femmes et j’ai une certaine perspective de leur personnalité. Je les aime mystérieuses et indépendantes. J’aime privilégier la personnalité de chaque femme que je photographie. Mes modèles ne sont pas toujours des mannequins professionnels.

eve saint ramon_Adobe Stock

[Le blog Adobe explore la création au féminin, tendance visuelle de mars qui montre le nouveau visage des femmes dans la publicité et la création.] 

 

Est-ce qu’être une femme dans l’univers de la création signifie quelque chose de particulier pour vous ?

Personnellement, non. En revanche, être une femme créatrice permet peut-être de casser les clichés de la féminité. Les lecteurs pourront dire : « Ah, c’est une femme, donc, elle sait de quoi elle parle ! ». Dans cette optique, et en respectant chacun de mes personnages féminins, je peux me positionner comme passeur pour tenter de relayer leurs paroles.

 

Votre univers est marqué par les années 1950 et les pin-ups, que l’on considère comme une représentation assez superficielle de la femme. Que représente cette époque pour vous et pourquoi ce parti pris ?

J’ai aimé cette représentation  d’une femme qui paraît en apparence ingénue et naïve, mais qui en fait contrôle tout. Sans critères physiques particuliers, une pin-up enchaîne les poses avec une délicieuse désinvolture. Elle est inaccessible, donc permet les fantasmes. Sans distinction de classe, ses codes esthétiques sont universels. Au premier regard son physique paraît idéal, alors que sa beauté n’est pas, finalement, exceptionnelle. Vous ne verrez pas dans mes images de jambes écartées ou de sein dénudé (ou très rarement). Je déteste la vulgarité. La subtilité, la délicatesse, l’élégance sont pour moi, beaucoup plus érotiques. Et mon travail sera apprécié autant par les femmes que par les hommes. Chacun pour des raisons très différentes. C’est pour ces raisons que je me sers de l’imagerie rétro et vintage, domaine dans lequel je suis reconnue aujourd’hui. J’apporte une mise en scène chic, glamour, des poses subtiles en référence aux photographies et au cinéma de nos grands- parents.

eve Saint Ramon_Adobe Stock

Mon inspiration se nourrit d’un passé qui fut précurseur, auprès d’artistes reconnus et donc incontournables. Ainsi, le trio beauté-humour-vintage me permet de créer un univers contemporain où les différents caractères féminins s’épanouissent. Mes pin-ups revendiquent la joie de vivre des femmes bien dans leur peau, libres d’avoir choisi de s’offrir aux regards avec glamour et sans fausse pudeur. L’élégance, le raffinement, l’absence de  vulgarité sont les motivations qui me permettent d’éloigner toute forme de pornographie au profit d’un érotisme assumé. La règle d’or étant de ne pas dépasser les limites de la dignité.

 

Pensez-vous que vous photographiez les femmes différemment d’un homme ?

Un photographe est avant tout un observateur. Ce que vous allez photographier, c’est le moment que vous êtes en train de vivre avec votre modèle. C’est un échange. Donc, une relation à deux. Donc deux personnalités qui se rencontrent. Je pense être une personnalité avant d’être une femme. Et il y a autant de personnalités qu’il y a d’hommes et de femmes dans nos métiers. Il y aura évidemment des regards différents. Je suis protectrice et attentive avec mes modèles, comme une maman peut l’être avec ses enfants.  Mais attention, je n’aime pas les « chichis »….

 

Y a-t-il des créatrices qui vous inspirent particulièrement ?

Toutes les femmes artistes et créatives m’inspirent. Je regarde leur propre expression, leur position d’artistes. Toutes mes amis de la scène burlesque me fascinent. Elles expriment des messages très fort en faisant le show pour amuser le public. Quelle force ! Je suis inspirée autant par les créateurs femmes et créateurs hommes. Il n’y pas de créatrices, de créateurs, il y a des créatifs. L’égalité c’est aussi dire non à une femme comme on le dirait à un homme sans souci de parité. On pose un regard sur le travail de quelqu’un sans tenir compte de leur féminité, de leur masculinité, mais du résultat.

 

Vous êtes contributrice Adobe Stock Premium. Est-ce important pour vous de partager votre travail au travers des banques d’images pour faire évoluer la représentation de la femme ?

Bien sûr. Depuis le développement des différents moyens de communication les médias utilisent des stéréotypes, des clichés, qu’ils utilisent pour vendre vite et en masse. L’image de la femme, ou de la féminité leur permet de faire passer des messages intimement  liés au contexte socio- économique, politique et culturel, dans lesquels ces medias opèrent à un moment précis. Par exemple, la femme caucasienne est souvent jeune, à la peau claire, plutôt grande et pulpeuse à la fois. La femme de couleur est placée dans un décor exotique. Les femmes asiatiques sont costumées traditionnellement et souvent dans une situation de soumission. Comme, je le dis, je suis ravie de casser ce cliché. Grâce à une tribune telle qu’Adobe Premium, mes modèles, mes muses, mes femmes photographiées peuvent voyager à travers le monde et être appréciées par d’autres cultures.

 

Rerouvez Eve Saint-Ramon sur Adobe Stock et sur cette vidéo de présentation où elle présente son travail et ce qui l’inspire, avec d’autres femmes créatrices.

 

Eve Saint-Ramon_Adobe Stock

 

Eve Saint-Ramon_Adobe Stock

 

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