Portrait de photographe : Gilles Deletang

Gilles Deletang, 65 ans, nous parle de son parcours, ses passions et ses projets…

Quelle est votre formation ?
Je n’ai eu aucune formation mais j’ai commencé la photographie très tôt, à l’âge de 14 ans. Je développais alors mes photos moi-même dans la salle de bain familiale, de nuit, car c’était le seul moyen d’avoir le noir complet. Plus tard, étant passionné par la photo de voyage, j’ai réalisé des diaporamas que je présentais dans les « maisons de jeunes », très nombreuses dans le milieu rural où j’habitais.

Quel matériel utilisez-vous ?
J’utilise un Nikon D90 avec un objectif SIGMA 18/50 – 2.8, c’est tout. De temps à autre, je suis tenté par quelques gadgets, filtres polarisants, pied, etc. pour constater après quelques mois que je ne les utilise jamais. Je possède un téléobjectif SIGMA 70/300 mais je me trouve souvent dans des conditions de poussière et de vent qui font que j’ai plus à perdre qu’à gagner à changer d’optique. Je l’utilise donc de façon très exceptionnelle. J’ai trois ordinateurs. Chaque soir, quand je suis en voyage, je décharge les photos du jour sur un laptop ACER Aspire One. Je l’ai choisi pour son faible poids. A la maison, je classe et travaille les photos sur un ordinateur de salon avec XP, vieux de plus de 10 ans dont la solidité ne m’a jamais fait défaut. Le troisième ordinateur est dédié à la mise en forme de mon site Internet.

On comprend qu’avec ce genre de relief côtier la marée est un élément déterminant pour approcher une embarcation du rivage.


Quels logiciels utilisez-vous le plus ?
Pas de logiciel pour le site Internet, tout est écrit en HTML, ce qui me permet de faire ce que je veux et, entre autre, éviter tout ce qui encombre la bande passante et ralentit le chargement des pages. Pour les photos, j’utilise PT Lens, un shareware pour rectifier les perspectives et Corel Photo Paint 8, un logiciel maintenant disparu, quoiqu’il paraît qu’il existe encore gratuitement sous un autre nom. Ne pas confondre avec Corel Paint Shop qui est autre chose.

Quelles sont les corrections que vous faites le plus souvent ?
Comme je fais beaucoup de photos de ville ou de monuments, je dois souvent rectifier les perspectives avec PT Lens. Photo-Paint me permet de rééquilibrer les couleurs quand c’est nécessaire et surtout de renforcer ou atténuer l’exposition de zones de l’image.

Votre choix niveau logiciel est-il finalement une question d’argent ou un véritable choix, une préférence ?
Au départ le choix de Corel Photo-Paint était effectivement une question d’argent. Le logiciel, dans sa version 5 était gratuit. Je me suis ensuite acheté la version 8 qui était abordable pour moi alors que Photoshop ne l’était pas. Ce n’est que rétrospectivement que je me suis rendu compte que Corel me permettait de traiter mes JPEG d’une façon qui rivalise avec le traitement des logiciels pro en RAW. Parallèlement, j’ai essayé Photoshop dans un atelier pour découvrir qu’il ne m’apportait rien que Corel ne fasse déjà. J’ai donc été conforté dans mon choix.

Avez-vous toujours travaillé en numérique ? Si vous avez fait de l’argentique, comment et quand avez-vous fait la transition ?
J’ai commencé avec l’argentique. Mon premier appareil digne de ce nom, en 1970, était un Nikon F. Il m’a duré 15 ans après lesquels je l’ai échangé contre un F3. Mon premier APN, en 2000, a été un Minolta Dimage 7i, 5 Mpixels que l’on devait brider à 2 Mpixel car aucune carte n’était suffisamment rapide pour les supporter. La qualité obtenue était nettement inférieure à ce que je connaissais avec le Nikon mais les perspectives pour le futur étaient évidentes et quel plaisir de faire autant de photos que l’on voulait « pour rien ». Le progrès du matériel a été si rapide au regard de ce qui se passait pour l’argentique que l’on ne pouvait qu’être accroché. En fait, la seule notion à assimiler pour les gens de ma génération était qu’en argentique on devait avoir le matériel et les consommables, la pellicule, le papier, les produits et ceux-ci revenaient très, très cher. En numérique, c’est l’appareil qui est le consommable. Il est cher, c’est vrai, mais autrement moins cher que ce que l’on avait à dépenser avant. Quand à la qualité, nostalgie exclue, il suffit d’ouvrir les yeux pour voir ce que l’on a gagné.
En argentique, je tirais mes photos en 30/40, un gouffre financier pour un amateur, mais c’était la seule solution pour exposer son travail. En numérique, je ne tire jamais mes photos sur papier je les passe sur grand écran dans des conditions bien meilleures et pour un prix nettement moindre. Surtout, ce qui a fait la différence pour moi est l’arrivée d’Internet. Quand on vous invite à exposer dans une salle vous n’avez pas la maîtrise de l’espace. Dans un site Web, et si vous maîtrisez la mise en page, vous êtes dans les conditions idéales pour montrer votre travail. Certes la qualité en ligne est moindre… pour l’instant.

Parlez-nous un peu de vos différents projets et de l’évolution de votre travail.

J’ai toujours préféré présenter un thème illustré par des photos plutôt qu’une collection de photos à regarder individuellement. Mon premier appareil photo numérique m’a permis de réaliser cela en me donnant la possibilité de multiplier les clichés sans entraîner une inflation de dépenses financières. J’ai d’abord pensé à l’usage que l’on pouvait faire de mes thèmes. Ainsi j’ai photographié l’intérieur, centimètre par centimètre, d’une maison anglaise. Vous pensez que, mondialisation oblige, cela doit ressembler à une maison française, détrompez-vous, presque tout est différent, les gonds de porte, les prises électriques, la plomberie. Le but était de donner aux profs de langue une base de données qu’ils n’avaient pas ailleurs. De même, j’ai proposé une pleine page de façades de boutiques en France et en Angleterre afin de permettre des activités de langues vivantes en ligne. Actuellement la rubrique la plus visitée de mon site est celle consacrée aux panneaux de signalisation routière.
Ensuite, la qualité des appareils photo numérique augmentant, j’ai pu me remettre aux photos de voyage, mais toujours en gardant une approche thématique. Je garde toujours une page de mon site pour les à-côtés : graffitis, plaques minéralogiques, cimetières.
J’attache de plus en plus d’importance à la présentation de mes pages. Je veux que la page soit perçue, elle-même, comme une photo qui a un sens qui donnera envie au visiteur de ne pas voir seulement un cliché mais l’ensemble pour découvrir ce sens. Voici un exemple de ce que j’essaie de faire :
http://excusemyenglish.fr/Images/ImagesAntartique/PortLockroy/InSitu/Lockroy.htm

Choisissez la photo dont vous êtes le plus fier et dites-nous pourquoi ?

Question impossible. La base de mon travail, c’est le thème (que ce soit un lieu ou un phénomène) et cela donne une page sur mon site. Il y a des pages dont je suis plus fier que d’autres. Bien sûr, il y a des photos dans les pages mais une photo toute seule, hors de son thème, est juste un objet sans beaucoup de sens. Je ne suis pas suffisamment doué pour produire une photo qui tienne la route toute seule.
Je propose tout de même celle-ci :

C’est un endroit qui se trouve à quelques dizaines de kilomètres des lignes de Nazca au Pérou. Il n’y a aucune raison d’y aller et d’ailleurs personne n’y va. J’ai appelé la page « Porona » car c’est le seul nom que j’ai trouvé sur une image satellite proche de la zone où la photo a été prise. En général, quand je veux faire ce genre de photo on me dit : « Pourquoi tu veux t’arrêter ici ? Il n’y a rien d’intéressant ! » et c’est pour cela que je l’aime.

Parlez-nous de votre tout dernier projet.

Se déplacer en voiture dans un pays étranger est un thème en soit. J’essaie de le couvrir avec des pages du genre « Route 66 » aux USA ou « Roadhouse » en Australie mais parfois je peux faire un peu plus. Mes deux derniers dossiers ont concerné deux itinéraires vraiment typiques de l’Amérique du Sud. J’ai appelé le premier « Les chemins de l’Altiplano » et le second « La route Panaméricaine ».

http://excusemyenglish.fr/Images/ImagesAltiplano.htm

http://excusemyenglish.fr/Images/ImagesPanam.htm

Quels sont vos projets à venir ?

Je compte mener de front deux activités. Continuer à construire des pages à partir de photos de voyages mais aussi rephotographier des thèmes faits de l’époque du début du numérique et que j’ai supprimés de mon site à cause de la faible qualité des clichés.