Partons à la découverte du portfolio de ce photographe passionné de 31 ans. www.remijaouen.com
Quelle est votre formation ? Pourquoi avoir choisi la photographie ?
Je suis ingénieur en conception mécanique de formation. J’ai travaillé pendant 2 ans dans un bureau d’études. Au bout d’un moment, j’ai eu l’impression de tourner en rond et de ne pas m’épanouir. Je voulais faire autre chose de ma vie et j’ai donc tenté ma chance dans la photographie. Je me suis passionné de photographie tardivement, j’ai eu mon tout premier appareil photo vers 23 ans et j’ai décidé de devenir professionnel à 27 ans, après avoir couvert des événements intéressants comme des courts-métrages et des événements politiques, et avec le soutien de mes proches. Cela s’est fait très naturellement, comme une évidence, comme un virus. Trois ans plus tard, je jongle entre des projets personnels intéressants, souvent à l’étranger, et des commandes plus basiques mais rémunératrices qui me permettent de financer mes projets personnels, et me permettent tout simplement de vivre.
Quel est votre équipement photo, pourquoi cette marque plutôt qu’une autre ?
Pour mes commandes pro, je suis chez Canon. Je ne suis pas du tout un religieux, mais cette marque propose des appareils professionnels efficaces et une gamme optique complète et de qualité qui permet de faire de la commande de façon propre, rapide et efficace. Je prends plus de plaisir à photographier à l’argentique par exemple, mais pour couvrir un événement on ne choisit pas son « appareil plaisir ». Par exemple, j’ai photographié le Burning Man avec un 5D Mark II dans des conditions de poussière incroyables et l’appareil n’a jamais bronché. Je l’ai renouvelé récemment et après plus de 263 000 déclenchements, avoir été sous la pluie, la neige, le sable, avoir chuté plusieurs fois… l’appareil marche parfaitement. C’est quelque chose que je demande à « un outil professionnel » d’être efficace et d’être fiable en toutes circonstances. Pour mon travail perso, j’aime utiliser un Canon AE-1 qui est un argentique avec un 35mm f/2. J’ai aussi un petit télémétrique argentique Rollei 35 qui est amusant même si le viseur n’est pas précis, et j’ai acheté très récemment un Fuji XT-10 que je trouve super comme appareil de tous les jours, il est discret et peu encombrant. Le tout est de s’amuser avec son matériel, c’est donc important de changer de temps en temps et d’avoir une approche nouvelle sur la photographie. Pour savoir le matériel qui nous correspond, il faut faire son petit cahier des charges.
Quels sont vos domaines de prédilection en matière de photo ?
Principalement le reportage car je trouve que l’instant photographique y prend tout son sens car contrairement à dans d’autres domaines photographiques les photos ont une multitude de paramètres qui sont extrêmement instantanés et éphémères. L’expression des personnes en particulier, les gestes, la lumière… tout change d’une seconde à l’autre et capturer le moment parfait est un jeu excitant. Le paysage, l’architecture, le packshot, etc. sont des domaines que je connais et apprécie mais sans retrouver la même excitation car j’ai l’impression qu’un autre photographe qui serait au même endroit pourrait finalement faire la photo. Dans le reportage l’accent est mis sur l’approche au sujet, l’anticipation et, bien sûr, le hasard… que l’on apprend à provoquer également. En prolongement des reportages, qui peuvent être des événements, des manifestations, des festivals… j’adore photographier la rue. Pour moi c’est la base, juste le reportage de la vie sur des années et des années. J’ai également abordé à peu près tous les domaines de la photographie. J’aime particulièrement le portrait en prolongement du reportage, qui permet de s’arrêter sur des individus plus précisément, d’approfondir.
Que cherchez-vous à transmettre à travers vos images ?
Cela dépend du domaine, je photographie souvent sans me poser de questions. Je cherche à transmettre une atmosphère, et des sentiments, notamment en reportage (mariage, événement). Mais j’essaye de ne pas donner aux images un autre sens que celui que je vois devant moi. Quand je photographie la rue, je ne cherche pas à transmettre quelque chose en particulier, je prends des photos de choses auxquelles je suis sensible qui sont souvent très banales et générales. J’essaye aussi de faire un travail sur la longueur, en particulier la street photographie qui est simplement censée de montrer une façon de vivre, dans un endroit et dans une période. Je pense que c’est une démarche qui prend son sens quand les photos ont vieilli, on a du recul et on a un regard différent sur elles. Pour résumer, j’essaye de reproduire en images ce que je vois et ce que je ressens, en laissant une grande liberté d’appréciation et d’interprétation aux lecteurs.
Quelle est votre actualité ? Quels sont vos projets ?
Je reviens d’un voyage à New York où j’ai photographié le marathon de New York, les élections de Trump au QG d’Hillary qui a été d’une rare intensité, puis j’ai rendu visite à Boston à Totem, un ami rencontré un an plus tôt au Burning Man, qui est un individu hors du commun. Il est sur le portrait. Pour le futur, je n’ai pas encore de projets arrêtés, mais j’ai en tête d’aller dans le désert colombien photographier les communautés indigènes, et après un road trop aux USA en 2015. J’ai également l’idée saugrenue de vouloir traverser l’Europe jusqu’à l’Asie avec une vieille voiture française et d’avancer au gré des rencontres. De ne pas planifier une histoire mais de la laisser se créer d’elle-même.
Racontez-nous vos débuts en photo avant Lightroom. Quels logiciels utilisiez-vous ?
Quand je photographiais en JPG, je ne me souviens plus très bien. En RAW, j’ai utilisé un dérusheur de RAW gratuit dont je ne me souviens même plus le nom. Je crois avoir utilisé The Gimp, mais c’est un logiciel de montage, pas de traitement d’image, ce n’est pas du tout adapté. J’ai vite découvert Lightroom et également une partie très importante de la photographie qui est le développement/traitement de la photo qui est la même démarche que sous l’agrandisseur, donner du sens à sa photo, exploiter le potentiel d’une idée de base, de quelque chose qu’on a senti.
Depuis quelle version utilisez-vous Lightroom ?
J’utilise Lightroom depuis 5 ans. Je ne sais pas vraiment à quelle version cela correspond, la version 3 je suppose.
Utilisez-vous en parallèle d’autres logiciels ? Lesquels et pour quelle utilisation ?
J’ai essayé quelques logiciels comme Dxo et Nik Collection. J’ai trouvé cela intéressant sans finalement réussir à les intégrer dans mes habitudes de traitement. Contrairement à de nombreux photographes, je n’utilise pas Photoshop en complément. Pour des manipulations s’approchant de la retouche photo plus que du traitement, comme la retouche par zone ou l’élimination de petits détails gênants, Lightroom me suffit parfaitement.
Qu’est-ce qu’il manque à Lightroom aujourd’hui ?
J’arrive à faire à peu près tout avec Lightroom, je fais ma sélection en amont puis j’importe sur Lightroom j’utilise donc peu la Bibliothèque. J’utilise autant mes appareils que mes logiciels de façon simple. Je ne trouve pas qu’il manque réellement de fonction à Lightroom, à part justement un mode Bibliothèque qui permettrait de faire une sélection plus rapidement et également un mode d’impression des photos plus simple. J’ai conscience que je n’utilise pas toutes les fonctions de Lightroom et que je pourrais sûrement améliorer mon process, on peut toujours, mais une fois que les habitudes sont bien ancrées elles sont dures à changer.
Quelle fonction vous paraît la plus indispensable ?
Il y a le curseur de Clarté que l’on ne retrouve pas forcément dans les autres logiciels et qui permet de contrôler un aspect intéressant de l’image. Il faut bien la doser, car en abuser donne un résultat assez horrible sur certaines photos.
Quelles sont les corrections que vous faites le plus souvent ? Vos outils préférés ?
Je commence par l’Exposition, un léger Contraste puis les Hautes lumières et les Ombres. J’ajuste ensuite la Clarté, la Saturation puis je vais ajuster la Courbe des tonalités. Cela varie extrêmement entre les photos en plein soleil, à l’ombre, ou en intérieur. Ensuite, je supprime les poussières dans le ciel grâce à l’outil de Suppression des défauts (je change souvent d’objectif donc j’en ai presque tout le temps sur le capteur, elles me font perdre tellement de temps !) parfois j’enlève quelques éléments gênants, un interrupteur sur un mur, un câble, quelques détails qui gâchent un peu l’image. Je pratique parfois un léger traitement par zone avec le Pinceau, pour assombrir ou éclaircir une zone, recontraster parfois (contre-jour, effet de flare). J’utilise assez peu le filtre Gradué ou le filtre Radial, le Pinceau peut faire le même effet plus précisément généralement.
Avez-vous une astuce Lightroom pour nos lecteurs ?
Le traitement d’une photo n’est jamais une chose facile. Il faut de l’expérience, avoir une bonne culture photographique et avoir vu beaucoup de photos différentes. L’astuce pour un bon traitement est de savoir où on veut aller. L’appareil photo comme le logiciel de traitement, s’ils sont performants, ne restent que des outils. Si on ne sait pas ce que l’on veut faire avec ils ne seront que peu utiles. Mon conseil est donc de réfléchir d’abord et de savoir quelle direction on veut donner à sa photo. Un noir et blanc contrasté ? Une photo aux couleurs pétantes ? Une photo à ambiance désaturée ? Il faut que les choix soient cohérents avec la photo traitée, avec son style photographique. Il faut repérer les éléments importants dans la photo, le sujet, les différentes zones, les différences de luminosité, les couleurs et l’harmonie entre elles. Il faut comprendre ce qui rend la photo intéressante et accentuer cela. Bref, pour progresser il faut réfléchir, se poser des questions et essayer plein de choses pendant des heures !